Le piège du perfectionnisme parental : trop vouloir bien faire peut mener à l’immobilisme
- Claire Bloch
- 12 déc. 2024
- 3 min de lecture
Dans notre quête pour être de « bons parents », nous sommes nombreux à vouloir faire les choses parfaitement : choisir les meilleures activités pour nos enfants, répondre à leurs besoins avec précision, et ne jamais commettre d’erreurs. Mais cette envie de bien faire, bien que noble, peut paradoxalement nous piéger dans une forme d’immobilisme. Pourquoi ? Parce que la peur de mal faire nous empêche parfois d’agir. Ce phénomène, souvent amplifié par la pression sociale et les attentes, mérite d’être déconstruit.
« Celui qui veut faire de grandes choses ne doit pas négliger les petites. »
— Paul Gauguin
Trop bien vouloir faire : d’où vient cette pression ?
Le perfectionnisme parental n’est pas inné : il est souvent nourri par des facteurs extérieurs tels que :
• La comparaison constante : Les réseaux sociaux regorgent d’images idéalisées de la parentalité, où tout semble parfait. Cela pousse à se mettre une pression inutile.
• Le poids des injonctions : Suivre les recommandations éducatives, alimentaires ou émotionnelles devient un casse-tête tant les messages sont parfois contradictoires.
• La peur de l’échec : Beaucoup de parents craignent que la moindre erreur ait des conséquences irréparables sur le développement de leur enfant.
Face à ces pressions, le désir de bien faire devient si fort qu’il peut paralyser.
Quand vouloir bien faire mène à l’immobilisme
Voici comment cette tendance peut se traduire dans le quotidien parental :
1. Procrastination face aux décisions
On hésite longuement sur le choix d’une école, d’une activité extrascolaire ou d’un mode de garde, par peur de ne pas prendre « la meilleure décision ». Ce temps d’attente peut entraîner une stagnation.
2. Hyperanalyse des situations
Chaque comportement de l’enfant est interprété, analysé, décortiqué, au point que cela freine des actions spontanées ou naturelles.
3. Refus de prendre des risques
Le perfectionnisme pousse à éviter toute action qui pourrait sembler risquée : inscrire un enfant à une activité qu’il pourrait ne pas aimer, laisser un adolescent expérimenter de nouvelles choses, etc.
4. Surcharge mentale
Vouloir tout contrôler ou anticiper finit par épuiser mentalement. Et lorsque la fatigue s’installe, il devient encore plus difficile de passer à l’action.
Les conséquences de l’immobilisme sur les enfants
• Un modèle de peur : Les enfants absorbent les comportements parentaux. En voyant leurs parents éviter les décisions ou chercher la perfection, ils peuvent développer une crainte de l’échec ou une peur d’essayer.
• Un manque d’expériences : À force d’hésiter ou de ne pas agir, certaines opportunités peuvent être manquées. Cela peut limiter le développement des compétences et de la curiosité naturelle de l’enfant.
• Une pression implicite : Vouloir bien faire en permanence peut inconsciemment mettre une pression sur l’enfant, qui sent qu’il doit être « à la hauteur » des attentes.
« Faire une erreur, ce n’est pas un échec, c’est une chance d’apprendre. »
— John Maxwell
Comment sortir de ce
piège ?
1. Accepter l’imperfection
La perfection n’existe pas. Rappelez-vous qu’un parent imparfait mais aimant fait souvent beaucoup plus de bien qu’un parent obsédé par le « sans faute ».
2. Prendre des décisions malgré l’incertitude
Il n’y a pas de choix parfait. Acceptez que chaque décision comporte des avantages et des inconvénients, et que vous pourrez toujours ajuster en cours de route.
3. Dédramatiser l’erreur
Les erreurs font partie de la vie et de l’apprentissage, autant pour les parents que pour les enfants. En montrant que vous apprenez de vos propres erreurs, vous offrez un modèle précieux de résilience.
4. Simplifier les attentes
Posez-vous la question : Est-ce vraiment important ? Parfois, ce que l’on perçoit comme crucial ne l’est pas autant qu’on le pense.
5. Cultiver l’action
Agissez, même si cela semble imparfait. L’immobilisme paralyse, mais une petite action, même hésitante, peut débloquer la situation.
Le mot de la fin : avancer avec bienveillance
Vouloir le meilleur pour nos enfants est naturel, mais cela ne doit pas nous empêcher d’agir. La parentalité n’est pas un concours de perfection ; c’est un voyage où chaque étape, même imparfaite, a sa valeur. En choisissant de lâcher prise sur nos attentes irréalistes, nous nous offrons – et à nos enfants – la liberté d’évoluer, d’expérimenter et de grandir sereinement.
Petit exercice : sortir de l’immobilisme
La prochaine fois que vous hésitez à agir par peur de mal faire, appliquez cette méthode :
1. Posez-vous une limite de temps pour réfléchir (par exemple, 10 minutes ou 1 journée).
2. Listez deux ou trois options simples.
3. Faites un premier pas, même petit, dans une direction.
4. Rappelez-vous que toute décision est ajustable.
Avancer, même imparfaitement, vaut toujours mieux que rester figé.





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