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Quand l’enfant prend le pouvoir : comprendre les causes cachées derrière le comportement tyrannique

Il arrive un moment où tu te dis que ton enfant “tient la maison”.

Les crises s’enchaînent, les discussions tournent en boucle, et tu finis parfois par céder pour éviter que tout explose. Puis vient la culpabilité : “J’aurais dû être plus ferme…”, “Je ne sais plus comment faire…”.


Mais non, tu n’as pas “raté” ton éducation.

Et non, ton enfant n’est pas devenu “tyrannique” parce que tu es laxiste ou que tu manques d’autorité.


Un comportement tyrannique n’est pas le fruit d’une carence éducative.

C’est le signe d’un déséquilibre émotionnel et relationnel, souvent complexe, où l’enfant exprime à sa manière un malaise intérieur.

Et c’est ce déséquilibre – pas ton amour ni ton implication – qu’il s’agit de réajuster.


Comme le rappelle le psychologue Thomas Gordon :


“Ce n’est pas l’amour qui manque dans les familles, c’est la communication qui fait défaut.”
(Thomas Gordon, « Parents efficaces », 1970)

1. Ce qui se cache derrière un comportement tyrannique



Un enfant qui cherche à tout contrôler ne le fait pas par défi ou par plaisir.

Il agit pour retrouver un sentiment de sécurité qu’il croit avoir perdu.

Voici les causes les plus fréquentes que j’observe en accompagnement parental :



a) Un besoin de sécurité et de repères



Quand un enfant sent que le cadre vacille, que les limites changent selon les moments ou les humeurs, il peut tenter de “prendre le relais”.

Ce n’est pas de la domination, mais une manière de se protéger.

En cherchant à tout diriger, il tente de réinstaurer un ordre rassurant.



b) Des émotions qu’il ne sait pas réguler



Certains enfants sont traversés par des émotions très intenses. Colère, peur, frustration, injustice…

Ils ne disposent pas encore des outils pour les canaliser, alors ils explosent, exigent, imposent.

Leur “tyrannie” n’est souvent qu’un orage émotionnel mal géré.



c) Une confusion des rôles



Il arrive que l’enfant devienne, sans qu’on s’en rende compte, le “chef émotionnel” du foyer.

C’est lui qui décide, qui rassure, ou qui prend les devants quand le parent doute ou s’épuise.

Mais cette place le dépasse : il a besoin qu’on lui rende son rôle d’enfant, pour se sentir contenu et protégé.



d) Une recherche de connexion



Certains enfants préfèrent le conflit au vide.

S’ils ont l’impression de ne plus exister aux yeux du parent, ils provoquent pour retrouver un lien.

Leur attitude est une manière, parfois maladroite, de dire : “Regarde-moi, parle-moi, sois là pour moi.”



e) Des schémas familiaux qui se répètent



Parfois, la dynamique vient de plus loin.

Un parent qui, dans son enfance, a manqué de place ou de pouvoir peut, sans s’en rendre compte, laisser l’enfant occuper trop d’espace aujourd’hui.

Les comportements tyranniques révèlent alors une loyauté familiale inconsciente.

Ce n’est pas de la faute du parent, mais une invitation à comprendre et à transformer ces héritages.



2. Reprendre ta juste place sans crier ni culpabiliser



Reprendre ta place de parent, ce n’est pas reprendre le “pouvoir”.

C’est redevenir le point d’ancrage de la famille, celui ou celle qui sécurise, qui guide, qui incarne la stabilité.


Comme l’écrit Isabelle Filliozat :


“L’enfant n’a pas besoin d’un parent parfait, il a besoin d’un parent qui accepte de grandir avec lui.”
(Isabelle Filliozat, « L’intelligence du cœur », 1997)

Voici trois leviers pour y parvenir, pas à pas :



a) Redéfinis un cadre clair et constant



Les enfants ont besoin de repères stables, pas de règles changeantes.

Choisis quelques règles simples – trois ou quatre suffisent – et tiens-toi-y avec constance.

Pas besoin de menaces ni de justifications interminables.

Le cadre n’est pas une punition : c’est un repère.


Par exemple :


« On se parle sans crier. »

« Les écrans s’arrêtent à telle heure. »

« Chacun respecte le temps des autres. »


Ce cadre te permettra de te sentir plus solide, et ton enfant plus en sécurité.



b) Garde ton calme dans la tempête



Quand ton enfant hurle, te provoque ou rejette ton autorité, c’est l’émotion qui parle.

Si tu réponds sur le même ton, tu perds ton rôle d’adulte régulateur.

Fais un pas de côté. Respire. Et reprends la discussion plus tard, quand tout le monde est apaisé.

Ce temps d’arrêt n’est pas une faiblesse : c’est une preuve de maîtrise et de cohérence.



c) Rétablis la relation avant la solution



Les comportements tyranniques s’apaisent quand l’enfant se sent entendu et reconnu.

Cela ne veut pas dire céder, mais écouter ce qui se joue.

Un simple : “Je vois que c’est difficile pour toi en ce moment” peut désamorcer beaucoup.

Puis, seulement après, tu peux redire la règle, calmement, sans colère.



3. Sortir du sentiment d’échec



Les parents d’enfants au comportement tyrannique se sentent souvent seuls.

Ils craignent le jugement, évitent d’en parler, ou se demandent si le problème vient d’eux.

Mais ces situations sont fréquentes et ne remettent pas en cause la qualité de ton éducation.


Le changement demande parfois un regard extérieur, bienveillant et formé, pour :


  • t’aider à comprendre ce qui se joue dans la dynamique familiale,

  • t’accompagner à poser un cadre juste, sans t’épuiser,

  • et t’apprendre à décoder les signaux émotionnels de ton enfant.



C’est précisément le rôle du coaching parental : te redonner confiance, t’outiller concrètement et t’aider à retrouver la sérénité au quotidien.



Le mot de la fin



Un enfant qui prend trop de place n’a pas besoin d’un parent plus dur, mais d’un parent plus sûr de lui.

Un comportement tyrannique n’est pas un échec éducatif, c’est un appel à rétablir l’équilibre.


Tu n’as pas à tout savoir, ni à tout gérer seul.

Ton enfant n’a pas besoin d’un parent parfait, il a besoin d’un parent ancré.

Et si tu sens que les crises prennent le dessus, que tu perds pied ou que tu veux comprendre ce qui se joue vraiment dans ta famille, c’est peut-être le bon moment pour en parler.


Un accompagnement bienveillant peut t’aider à remettre du calme, du sens et du lien dans la relation.

Parce qu’il n’y a pas de fatalité : il n’y a que des histoires familiales qui demandent à être rééquilibrées.

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