Les excès et incompréhensions en éducation positive : quand la bienveillance vire à l’absurde
- Claire Bloch
- 1 févr.
- 3 min de lecture
L’éducation positive est devenue un incontournable dans les discours parentaux modernes. Des milliers de parents se tournent vers cette approche pour élever leurs enfants dans un cadre de respect mutuel et de bienveillance. Cependant, en explorant les réseaux sociaux ou en discutant avec d’autres parents, on observe parfois des dérives qui frôlent l’absurde. Ces excès et malentendus ne servent ni les enfants, ni les parents, ni même l’éducation positive.
Exprimer ses émotions : entre sincérité et théâtre
Dans l’éducation positive, il est encouragé de verbaliser ses émotions, notamment pour montrer l’exemple. Mais parfois, on tombe sur des scènes où le parent, au lieu de montrer une colère légitime, semble réciter un texte appris :
“Je suis très en colère, mon petit choupinou.”
Et là, aucune tension dans la voix, aucun signe d’agacement. Cela manque d’authenticité et envoie un message brouillé à l’enfant. Comment peut-il apprendre à identifier une émotion si celle-ci est simulée ou édulcorée ? Exprimer ses émotions, oui, mais avec sincérité et congruence. Dire qu’on est en colère tout en arborant un sourire ou un ton neutre revient à nier ce qu’on ressent vraiment.
L’enfant roi : une incompréhension des responsabilités parentales
Un discours récurrent sur les réseaux :
“Mon enfant ne me doit rien. Je lui dois tout.”
Bien qu’elle parte d’une bonne intention, cette phrase reflète une mauvaise compréhension des responsabilités parentales. Non, un enfant n’est pas un roi absolu auquel ses parents devraient tout sacrifier. Être parent, c’est trouver un équilibre entre répondre aux besoins de l’enfant et préserver son propre espace vital.
En tant qu’individus, nous avons aussi nos limites, nos envies, nos aspirations. Être parent ne signifie pas se nier complètement. De même, l’enfant a des devoirs envers ses parents, notamment celui du respect. Ce respect n’est pas une faveur ; il s’apprend, se construit, et constitue la base d’une relation saine.
La peur d’imposer des limites
L’éducation positive prône une discipline bienveillante, mais certains parents confondent bienveillance et permissivité. Dire “non” à un enfant n’est pas un acte de violence ; c’est une manière de l’aider à structurer son monde. Les limites sont nécessaires pour qu’il se sente en sécurité et comprenne les règles sociales. Un enfant sans cadre peut vite se retrouver déboussolé, et ce manque de structure peut même être source d’angoisse.
Des attentes irréalistes envers soi-même
Enfin, certains parents se mettent une pression énorme pour incarner le modèle parfait de l’éducation positive. Jamais crier, toujours rester calme, répondre à chaque émotion de l’enfant… Cela conduit à un épuisement moral et physique. Être humain, c’est aussi se tromper, se fâcher, et parfois dire : “Là, j’ai besoin de calme.”
Ce que je ne veux pas être en tant qu’accompagnante parentale
Dans mon accompagnement, je refuse d’être celle qui donne des recettes magiques ou des formules fantastiques pour résoudre toutes les situations. L’objectif n’est pas de dicter un modèle universel mais d’aider chaque parent à redécouvrir sa propre vérité et sa sincérité.
Je veux guider les parents vers des valeurs alignées, des convictions personnelles, et une parentalité en cohérence avec ce qu’ils sont profondément. Je ne suis pas là pour arbitrer un match de “qui a raison et qui a tort” ou pour exprimer mes avis personnels. Mon rôle est d’ouvrir un espace de réflexion, d’introspection, et de possibilités afin que chacun puisse écouter son for intérieur et faire des choix éclairés.
Quelques astuces pour rester fidèle à l’esprit de l’éducation positive sans tomber dans les excès :
• Soyez sincère dans l’expression de vos émotions. Dire : “Je suis en colère” tout en montrant des signes de tension permet à l’enfant de mieux comprendre.
• N’oubliez pas votre existence personnelle. Prenez du temps pour vous. Vous êtes un parent, mais aussi une personne.
• Fixez des limites claires et justes. L’enfant a besoin de repères pour grandir sereinement.
• Acceptez vos imperfections. La bienveillance commence par soi-même.
Exercice pratique :
Prenez un moment pour écrire vos trois valeurs principales en tant que parent. Demandez-vous :
1. Quels comportements je veux enseigner à mon enfant ?
2. Quelle place je veux me réserver dans cette relation ?
3. Comment puis-je incarner mes valeurs tout en restant fidèle à moi-même ?
Cet exercice vous aidera à trouver un équilibre entre bienveillance et authenticité.
Le mot de la fin :
L’éducation positive est une boussole, pas une prison. Elle ne doit pas vous enfermer dans des attentes irréalistes ou dans des principes mal compris. Être un parent bienveillant, c’est avant tout être authentique, respectueux, et conscient de ses propres limites. Une parentalité équilibrée passe par le respect mutuel, et ce respect doit être réciproque entre parent et enfant.





Commentaires